Yaël Nazé « Art et Astronomie, impressions célestes »


Recueilli par Justine Devin
Doctorante au Laboratoire Univers
et Particules de Montpellier.
Centre Rabelais, boulevard Sarrail.
Ce soir, 20 h 30. Entrée libre. Sur montpellier.fr et Divergence FM (93.9).
Yaël Nazé démontre à quel point le ciel possède un énorme pouvoir évocateur !
DR
http://www.divergence-fm.org/index.php?page=article.php?id=1724
La conférence de Yaël Nazé « Art et Astronomie, impressions célestes » invite à un voyage aux frontières mouvantes et incertaines des plus belles réalisations de l’esprit humain : l’Art et la Science, en particulier l’astronomie. Entretien avec cette astrophysicienne FNRS à l’université de Liège dont les recherches portent sur les étoiles très massives, qui atteignent plusieurs dizaines de fois la masse de notre propre étoile, le Soleil.
Spécialiste des étoiles massives et de leurs interactions avec leur environnement, pouvez-vous nous dire quels rôles ces étoiles massives jouent dans l’Univers ?
Les étoiles massives sont les « reines » parmi la population stellaire – rares, certes, mais ayant le plus d’impact sur leur environnement. Étant très chaudes et très lumineuses (un million de fois plus que le soleil), elles émettent beaucoup de lumière ultraviolette ionisante et éjectent un vent stellaire très fort, ce qui crée de jolies nébuleuses brillantes et peut également arrêter ou provoquer la formation d’étoiles dans leur voisinage. Bref, elles dominent véritablement l’écologie Galactique…
Votre conférence porte sur l’art et l’astronomie. Qu’est-ce qui vous a amené à réunir ces deux disciplines ?
Tout d’abord, par curiosité personnelle. Une lithographie de Kandinsky m’a sidérée, et je me suis alors dit « je veux en savoir plus »… Ensuite, il faut avouer que j’aime aussi beaucoup le côté multidisciplinaire, le fait d’amener de la science par un biais inattendu tel que la création de bijoux se référant à l’astronomie, la cuisine céleste qui permet une activité culinaire ludique en reproduisant certains paradigmes de l’Univers, les concerts et donc tout naturellement aussi les beaux-arts.
Dans votre dernier livre « Art et Astronomie – impressions célestes » vous parlez principalement du lien entre l’astronomie et la peinture. Depuis combien de temps et à quel point l’astronomie a-t-elle inspiré les artistes ?
Depuis toujours, et elle a d’ailleurs beaucoup inspiré certains artistes… Cela dépend évidemment de leur sensibilité mais l’astronomie a beaucoup de résonance avec les origines, le destin, la possibilité d’un ailleurs… Thèmes très porteurs en art.
Dans quelles mesures l’art peut-il aider la science à véhiculer ses idées et ses nouvelles découvertes ?
Comme vecteur au sens strict, il y en a assez peu. On peut parler du célèbre peintre néerlandais Rubens qui, en 1636, prend parti pour Galilée dans sa représentation de Saturne dévorant l’un de ses enfants. Il y fait apparaître, au-dessus du dieu, trois étoiles, l’interprétation personnelle de Galilée des observations de la planète Saturne (d’autres comprendront qu’il s’agit en fait d’une planète entourée d’anneaux). Il y a également l’art astronomique : les vues d’artistes qui accompagnent beaucoup de communiqués de presse, illustrant ce que les scientifiques ont déduit des données et ce qu’ils ne peuvent prendre en photographie tel que la vicinité d’un trou noir ou encore la vue depuis Proxima b, cette exoplanète sœur jumelle de la Terre. Cependant, l’art va bien au-delà ; même s’il peut aider la science, son but premier n’est pas de vulgariser.
Einstein disait que l’imagination est plus importante que le savoir. Pensez-vous que l’art permet de maintenir nos qualités d’imagination et aider la recherche scientifique ?
Je pense que cela dépend des personnalités. Personnellement, je ne pourrais me passer d’écrire, de créer en dehors de la science pure, mais pour certains, la science suffit…
L’artiste et le scientifique, dans leur réflexion et leurs modes opératoires, sont-ils différents, identiques ou complémentaires ? Y voyez-vous une même quête ?
Oui, l’artiste comme le scientifique sont pleins de curiosité, ils tentent d’interpréter et de comprendre le monde qui les entoure… Même s’ils utilisent des voies et façons de faire différentes, je dirais que le moteur reste le même. Plus généralement, ils partagent une même quête et cherchent à répondre aux mêmes grandes questions.
Vous avez écrit de nombreux ouvrages de vulgarisation sur les sciences de l’univers dont plusieurs ont été récompensés. En quoi la vulgarisation de ce savoir est-elle importante pour vous ?
Il y a plein de raisons à cela. Tout d’abord, au niveau personnel, pour partager une passion et des histoires incroyables. Cela permet d’aller chercher des gens qui n’ont jamais été en contact avec la science et de les intéresser, au point de voir des étoiles s’allumer dans leurs yeux… Mais vous savez, aujourd’hui, même si nous n’aimons pas vulgariser, nous n’avons pas le choix ; cela a été formalisé dans certains contrats européens. C’est devenu une obligation morale que je trouve très naturelle.l
http://www.cnewsmatin-montpellierplus.fr/2017/04/19/art-et-astronomie-un-big-bang-probable-19538